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Douceur de Noël

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Temps de lecture : 4 minutes

joyeux noelTrêve de Noël… chhhhuuuut !

Jean-Paul Sartre est fait prisonnier le 21 juin 1940, à Padoux, dans les Vosges. Transféré dans un camp en Allemagne, il vit plusieurs mois de captivité qui le marquent profondément ; Jusqu’alors peu concerné par les affaires du monde, il dégage de ces années une conscience politique qui le transforme en intellectuel engagé.
Il entre dans une vie communautaire et y exprime sa solidarité.j-p-sartre-prisonnier-vosges-1940
Le 24 décembre 1940, a lieu la représentation du « Fils du Tonnerre »* au stalag XII de Trèves. A la demande des aumôniers du camp, J.P. Sartre a écrit une pièce de théâtre sur la crèche de Noël. Il veut adoucir le sort de ses compatriotes lors de cette veillée de Noël et partager un désir d’union.
En lisant ces lignes d’une profondeur et d’une poésie bouleversante, vous pouvez imaginer les circonstances ; le froid, l’angoisse, les guenilles, l’humiliation,,, et, malgré tout, l’enchantement…
Extrait de « Baronya ou le Fils du Tonnerre », de J.P. Sartre:

Méditation-cadeau de Jean-Paul Sartre

« Vous avez le droit d’exiger qu’on vous montre la Crèche. La voici. Voici la Vierge, voici Joseph et voici l’Enfant Jésus. L’artiste a mis tout son amour dans ce dessin, vous le trouverez peut-être naïf, mais écoutez. Vous n’avez qu’à fermer les yeux pour m’entendre et je vous dirai comment je les vois au-dedans de moi.

La Vierge est pâle et elle regarde l’enfant.
Ce qu’il faudrait peindre sur son visage, c’est un émerveillement anxieux, qui n’apparut qu’une seule fois sur une figure humaine, car le Christ est son enfant, la chair de sa chair et le fruit de ses entrailles. Elle l’a porté neuf mois. Elle lui donna le sein et son lait deviendra le sang de Dieu. Elle le serre dans ses bras et elle dit : « mon petit » !

Mais à d’autres moments, elle demeure toute interdite et elle pense : « Dieu est là », et elle se sent prise d’une crainte religieuse pour ce Dieu muet, pour cet enfant, parce que toutes les mères sont ainsi arrêtées par moment, par ce fragment de leur chair qu’est leur enfant, et elles se sentent en exil devant cette vie neuve qu’on a faite avec leur vie et qu’habitent les pensées étrangères.creche-cisterciens-jp-sartre-theatre

Mais aucun n’a été plus cruellement et plus rapidement arraché à sa mère, car Il est Dieu et Il dépasse de tous côtés ce qu’elle peut imaginer. Et c’est une rude épreuve pour une mère d’avoir crainte de soi et de sa condition humaine devant son fils. Mais je pense qu’il y a aussi d’autres moments rapides et glissants où elle sent à la fois que le Christ est son fils, son petit à elle et qu’il est Dieu.
Elle le regarde et elle pense : « Ce Dieu est mon enfant ! Cette chair divine est ma chair, Il est fait de moi, Il a mes yeux et cette forme de bouche, c’est la forme de la mienne. Il me ressemble, Il est Dieu et Il me ressemble ».

Et aucune femme n’a eu de la sorte son Dieu pour elle seule. Un Dieu tout petit qu’on peut prendre dans ses bras et couvrir de baisers, un Dieu tout chaud qui sourit et qui respire, un Dieu qu’on peut toucher et qui vit, et c’est dans ces moments là que je peindrais Marie si j’étais peintre, et j’essayerais de rendre l’air de hardiesse tendre et de timidité avec lequel elle avance le doigt pour toucher la douce petite peau de cet enfant Dieu dont elle sent sur les genoux le poids tiède, et qui lui sourit.

Et voilà pour Jésus et pour la Vierge Marie.

Et Joseph. Joseph ? Je ne le peindrais pas. Je ne montrerais qu’une ombre au fond de la grange et aux yeux brillants, car je ne sais que dire de Joseph. Et Joseph ne sait que dire de lui-même. Il adore et il est heureux d’adorer. Il se sent un peu en exil. Je crois qu’il souffre sans se l’avouer. Il souffre parce qu’il voit combien la femme qu’il aime ressemble à Dieu. Combien déjà elle est du côté de Dieu. Car Dieu est venu dans l’intimité de cette famille. Joseph et Marie sont séparés pour toujours par cet incendie de clarté, et toute la vie de Joseph, j’imagine, sera d’apprendre à accepter.
Joseph ne sait que dire de lui-même : il adore et il est heureux d’adorer ».creche-madere-j-p-sartre-theatre

Joyeux Noël !

*texte édité en 1967 aux éditions E. Marescot et en 2010 dans la Bibliothèque de la Pléiade.

Alors que Simone de Beauvoir, essayera de réfuter l’origine de ce texte, Sartre confirmera en être l’auteur en 1962 : « Si j’ai pris mon sujet dans la mythologie du Christianisme, cela ne signifie pas que la direction de ma pensée ait changé, fût-ce un moment pendant la captivité. Il s’agissait simplement, d’accord avec les prêtres prisonniers, de trouver un sujet qui pût réaliser, ce soir de Noël, l’union la plus large des chrétiens et des incroyants ».

Ne soyons pas fanatiques, extrémistes ou intolérants autour de la douceur de Noël, douceur qui s’exprime par la réunion des coeurs, un désir partagé de Paix, un émerveillement d’enfance niché quelque part en chacun de nous. 🙂 Pause !

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